lundi 14 janvier 2013

Josef Koudelka. Vestiges 1991-2012

Pendant plus de 20 ans, Josef Koudelka a parcouru dix-neuf pays du pourtour méditerranéen, à la recherche des grands sites de l'antiquité grecque et romaine. Son fonds photographique unique dans le monde témoigne des fondements de notre civilisation et met en évidence la place majeure du paysage dans l'oeuvre du célèbre photographe. Organisée dans le cadre de Marseille-Province 2013, avec la collaboration de Magnum Photos, l'exposition Vestiges est la première rétrospective dédiée à ce travail exceptionnel.
Orange, Nîmes, Arles (France), Pompéi (Italie), Split (Croatie), Italica (Espagne), Bullia Regia (Algérie), Leptis Magna (Tunisie), Apollonia (Albanie), Sardes (Turquie), Tyr (Liban) font partie des 200 sites grecs et romains visités par Josef Koudelka ces 20 dernières années. Comme le souligne Bernard Latarjet, "personne, avant lui, n’avait tenté, avec une telle opiniâtreté, sans aide matérielle, une représentation aussi complète des vestiges d’une grande histoire par les moyens de l’art photographique." 
Le photographe, membre de Magnum Photos, connu notamment pour son travail sur les communautés de gitans, nourrit depuis longtemps une passion pour la photographie de paysage. C'est en 1986 qu'il commence à utiliser un appareil panoramique, dans le cadre de la mission photographique de la DATAR ; il réalise des missions sur Transmanche, sur les mines de charbon en Europe Centrale dans le Triagle noir, sur Beyrouth en ruines, sur les carrières de calcaire à travers le monde dans Lime. "Mon travail sur les sites grecs et romains n’est pas différent," déclare-t-il dans une interview. "Il s’inscrit dans cette lignée. Il marque la permanence d’un désir et la continuité d’une quête."
Interrogé sur les raisons qui l'ont poussé à mener ce projet sans équivalent, Josef Koudelka explique : "La beauté n’est pas tout. Il y a une poésie et une intelligence qui mêlent la perfection des lieux choisis par les bâtisseurs, l’architecture en ruine, l’histoire dont ils témoignent, ses valeurs. Il y a dans ces destructions du temps et dans ces survivances, une force qu’il faut rendre présente, qu’il faut 'représenter'." Rejetant la finalité documentaire en tant que raison principale de son travail, le photographe affirme sa volonté de se réapproprier le passé commun méditerranéen. "Je ne fais pas de photos d’architecture. Je ne fais pas de photos d’archéologie. Je photographie le paysage qui surgit ou pourrait disparaître sous la menace du temps, qui est cependant toujours là ; ce paysage originaire de nos cultures d’Europe."
Conçue comme un parcours qui reflète la conjugaison de l'horizontal (forums, places), et du vertical (colonnes, frontons), l'exposition Vestiges rappelle nos origines communes et les valeurs fondatrices d'une Europe souvent divisée. À l'avenir, Josef Koudelka espère pouvoir continuer à photographier les vestiges du passé. "J’y retournerai. Mon projet n’est pas achevé. S’achèvera-t-il ? Au long de toutes ces années de périple, jamais l’intérêt ne s’est érodé, toujours il s’est accru."
Roxana Traista

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