lundi 14 janvier 2013

Jean-François Rauzier, la peur de l'infini

Illusion, opulence et démesure, ces mots s'appliquent parfaitement à l'oeuvre photographique de Jean-François Rauzier, sans pour autant rendre compte de l'émerveillement qu'elle suscite, notamment parmi les non-initiés. Inventeur du concept de l'"hyperphoto", l'artiste s'empare des outils numériques pour créer un univers où se côtoient l'infiniment grand et l'infiniment petit, en un foisonnement de détails fascinants et significatifs. L'exposition organisée au Palais des Arts et du Festival de la ville de Dinard présente son travail le plus récent, Arches. 
Au début des années 1990, alors que l'hyperconsommation commence à prendre de l'ampleur, Jean-François Rauzier, photographe professionnel, renonce à son travail dans le monde de l'image publicitaire pour se consacrer à son invention, l'hyperphoto. Réalisées par le montage de plusieurs images prises de différents points de vue, ses oeuvres magistrales forment des labyrinthes visuels à la fois familiers et étranges. 
"D’environ dix à douze points de vue, je fais dix à douze images par assemblage d’environ deux cents clichés chacune, que je multiplie et retourne dans tous les sens," explique Jean-François Rauzier, qui se fait un plaisir de jouer avec les limites de son imagination. Afin d'humaniser ce monde sidéral, le photographe a même créé un personnage, un "man in black moitié Tintin d’Hergé, moitié Charlot de Chaplin, témoin de la dérive des civilisations ou des songes utopistes de l’artiste," comme l'explique Ashok Adicéam, commissaire de l'exposition. Pour son projet Arches, l'artiste va encore plus loin et crée un alter égo nommé Jules-Ferdinand Rie Azur (combinaison en anagramme du nom de l'artiste).
"Si Rauzier a inventé un art photographique à la limite de la mégalomanie, Rie Azur est un poète mélancolique qui s’attend à la fin du monde et constate que le déluge, le trop-plein - d’images, de constructions, de populations, de marchandises, de violences, d’outrances en tout genre – est déjà en train de nous noyer," affirme Ashok Adicéam. "L’exposition Arches est comme le point d’arrivée du travail de sape et de subversion artistique des images pratiqué par le photographe." Mêlant éléments apocalyptiques et paradisiaques, la série dénonce avec emphase les maux de notre société : la violence, le sexe, ou l'argent. "Avec des médiums et des supports variés - sculpture, vidéo, papier peint, photographie, impression sur pvc, installation-, Arches est devenu avant tout un projet d’art contemporain organisé comme un conte moral. Un coup de force bienveillant qui rêve d’un autre monde. Celui de l’idéal et de l’utopie."
Roxana Traista
10/01/2013
Exposition organisée en partenariat avec la Mairie de Dinard (département d'Ille-et-Vilaine), au Palais des Arts et du Festival. Ouverture 14h-18h30, fermeture le lundi, sauf lundi de Pâques, entrée / 3 euros. 

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